Je viens de relire "A Study in Celluloïd". Conclusion: formidablement intéressant
Cox a lancé la série, il l'a accompagnée jusqu'au "Case book of Sherlock Holmes", et il dû avoir une vision d'ensemble de tous les problèmes rencontrés, y compris les plus concrets, pour réaliser la série Granada, qu'il voulait la plus fidèle à Conan Doyle qu'on ait jamais vue.
C'est beau de voir l'énergie qu'ils déploient, lui et son équipe, dans la poursuite de la fidélité absolue! Cox, son assistant producteur Stuart Doughty et le chargé de recherches Nicky Cooney relisent les 60 histoires de Doyle, relèvent toutes les caractéristiques et habitudes de Holmes et de Watson, le matériel qu'ils utilisent, et j'en passe...Et ils rassemblent ces précieuses observations dans un guide, le "Baker Street File"
Jeremy, lui aussi, lit, relit, souligne, annote, médite l'oeuvre de Doyle
Et je trouve beau de voir les deux champions de la fidélité se chamailler, ferrailler, batailler au nom de la valeur qu'ils partagent! Comme il n'y a pas d'énigme à résoudre dans "The Final Problem", Hawkesworth développe l'affaire française en se basant sur le vol bien réel de la Joconde en 1911. Mais Jeremy est furieux
et ne veut rien savoir de cet ajout...qu'il finira par accepter. Quant à Cox, il fait la fine bouche devant le cri et le saut de joie de Jeremy à la fin de "The Second Stain"
....car il les juge plus brettiens qu'holmésiens.
La série n'a pas été édifiée sur une montagne de dollars ou de pounds, et pour la réaliser, Cox et son épique ont dû recourir au système D. Un figurant coûtait 50 livres par jour...pas cher...mais si on en veut une masse, c'est autre chose. Alors dans "The Read Headed League", John Hawkes se contente de 50 figurants, mais il les dispose et les déplace de manière si astucieuse qu'on a l'impression d'un flot de "rouquins"!
Mais là où l'épopée conquérante a tourné à la retraite de Russie, c'est en 1990, quand le gouvernement conservateur a entrepris de démanteler le remarquable système de diffusion existant pour instaurer une économie de marché totale. Les gestionnaires et les comptables ont pris les commandes de Granada. Cox a été licencié, ce qui est quand même un peu fort de café
et il est revenu diriger "the Case-Book" en free-lance. La politique purement commerciale de Granada va conduire la série dans le fossé: Les responsables de la programmation observent une forte demande pour les films de 2 heures. On fera donc des films de 2 heures, le taux d'écoute conditionnant les recettes publicitaires. C'est parfait pour "Inspector Morse", basé sur des romans. Mais ça ne va pas du tout pour Sherlock Holmes, basé sur des nouvelles parfois très courtes. Qu'à cela ne tienne, que les scénaristes se débrouillent! Jeremy Paul s'est attelé à "The Last Vampyre", Trevor Bowen a ramé sur "The Eligible Bachelor", avec les résultats que l'on sait, notamment en matière de fidélité canonique.
La poursuite de la fidélité parfaite à Conan Doyle n'a pas été une croisière dans les îles grecques, mais plutôt une Odyssée avec triple ration de sirènes, cyclopes et compagnie, ou une version show-business de l'héroïque expédition survie du Docteur Bombard. Mais à mon humble avis, l'entreprise de Cox était admirable par son respect des oeuvres originales, son souci de vulgarisation, sa modestie intellectuelle et ses scrupules. Et le résultat, s'il n'est pas parfait dans son intégralité et en tous points, me paraît précieux et irremplaçable, en dépit des modes.