En ce qui me concerne, j'aime bien ce film ("No ghosts need apply !" "Need apply!" J'adore !
).
C'est clair qu'il est bien plus ambitieux que la nouvelle qui est assez simple en elle-même.
Le film prend un élément de la nouvelle et la pousse un peu plus loin : la jalousie meurtrière d'un ado/enfant envers son (demi) petit frère.
Dans le film, il est toujours question de jalousie et surtout d'envie et de frustration.
Un ado mal dans sa peau qui préfère se trouver un père ailleurs (l'adoration qu'il voue à Stockton est, dans la nouvelle, vouée à son père qu'il veut se garder pour lui tout seul).
Une belle-mère qui aurait mieux aimé rester au pays.
Un père/mari qui ne se sent plus à la hauteur.
Un homme qui n'a plus de famille et qui se sait rejeté.
Et qui du coup, prend ce qu'on lui tend quasiment.
Comme le dit Holmes, c'est un vampire psychologique. Certes un peu beaucoup calqué sur Dracula, mais le clin d'oeil est voulu comme l'annonce l'épisode des fausses dents de Holmes (qui n'existe pas dans la nouvelle). D'autant que le roman est contemporain et que c'était super à la mode.
Mais, pour moi, Stockton reste un vampire psychologique qui s'y connaît en hypnose et puis c'est tout. Mythomane aussi. Un peu genre gourou de secte qui peut convaincre les personnes en faiblesse de leur faire faire n'importe quoi (dont satisfaire leurs frustrations).
Du coup, il n'y a pas de fantastique pour moi. Tout joue sur la bonne mise en tension et sur l'activation de nos propres connaissances/peurs du vampirisme. Stockton (comme toute figure vampirique littéraire) n'est là que pour révéler les frustrations et les angoisses retenues (sur la mort et sur le sexe).
Pour ce qui est de la vision de Holmes ? ça annonce le film suivant (Glavon Manor).
Watson le dit souvent : Holmes, de son 221B, a en général déjà la solution au problème que le client lui pose. Il ne part sur le terrain que pour confirmer, affiner ses hypothèses et se saisir du coupable. Du coup, Holmes peut déjà "voir" la figure de Stockton.
Après, de la part d'un détective grand maître dans la lecture du passé et du présent, le niveau supérieur à atteindre est logiquement de pouvoir percevoir l'avenir. ça ne me choque pas. C'est une interprétation intéressante qui rejoint la figure holmésienne dans ce qu'elle a de mythique. Dans le Canon, il est tellement qualifié de mage, sorcier et magicien que pourquoi pas justement. Juste ce qu'il faut pour ne pas tomber vraiment dans l'absurde.
Bon après, dans le film, il y a des choses que je n'ai pas bien compris :
- l'attachement de Stockton à la vieille tombe de la servante...
- Pourquoi le gamin s'en prend à Dolores avec son curare. GHB avant l'heure ?
(Dans la nouvelle, le gamin use du poison pour tuer le bébé, objet de sa jalousie haineuse.)
Le film est bien plus sombre que la nouvelle avec ses funérailles de bébé, son suicide en charette
et sa pendaison d'ado tête à claque.
Et, finalement, Holmes n'y peut pas grand chose à part, en bon diagnosticien, faire la part des choses et, s'il avait pu, ordonner une bonne psychothérapie à tout ce petit monde !
Ce film gothique n'aurait pas déplu à Doyle à mon avis, car lui aussi a écrit des petits contes fantastiques dans le genre. Et n'oubliez pas que la version Sherlock Holmes contre Dracula existe !
Et puis, j'avoue que, quand j'ai lu la nouvelle la première fois, j'étais presque déçue de voir si peu de "trucs de vampire". C'est vrai quoi, juste une nana qui a le menton plein de sang... Alors que là, c'est festival !
Petit bonus : la tête de Watson quand Holmes lui dit qu'il a faim. Genre "Ai-je bien entendu ???"